Entre la peur d’échouer et la peur de réussir, comment prendre sa place ?

 

 

Peur d’échouer… ou peur de réussir ?

Très souvent, j’entends autour de moi : « je n’ose pas faire ça, car j’ai peur d’échouer ». Derrière le « ça », il y a des activités aussi variées que: pratiquer un sport de compétition, réaliser un projet qui tient à coeur depuis longtemps, se mettre à peindre, approcher un garçon ou une fille vers lequel/laquelle on est attiré, apprendre une nouvelle langue… Or, la plupart du temps, nous avons en réalité bien moins peur d’échouer que… de réussir ! Si, si, vous m’avez bien lue: la peur de gagner, bien connue des sportifs de haut niveau lorsqu’ils voient leur score s’approcher de la victoire et qu’ils sont soudain saisi de panique: le moment est si crucial, attendu depuis si longtemps, obtenu après tant d’efforts… est-ce que je vais oser donner le coup final qui va me donner le dessus sur l’adversaire ? serais-je à la hauteur ?… une sorte de « décalage » s’installe, des doutes, des peurs… à ce niveau, une main qui tremble, un équilibre précaire, un mauvais choix tactique peuvent faire la différence, entre un excellent joueur et… un vrai champion.

Peur du changement

En règle générale, nous n’aimons pas le changement, il nous fait peur à des degrés divers, dépendant de facteurs aussi variés que notre éducation, notre tempérament, nos expériences passées, par exemple. Même si nous prétendons le souhaiter vivement, il est tout de même plus rassurant de vivre dans un espace, suivant un mode vie sécurisants, fussent-ils particulièrement inconfortables, voire carrément aliénants.  Ainsi voit-on des personnes garder un travail qui ne les intéresse plus, voire qui leur mine le moral, par sécurité financière ; des couples qui ne cessent de se disputer et de s’étouffer qui « restent quand même ensemble », invoquant des prétextes comme « c’est pour le bien des enfants » ou des raisons pratiques telles que le logement, le confort financier, une certaine sécurité affective, la peur de vieillir seul ; des personnes en souffrance physique ou psychologique préserver jalousement leur douleur, comme si en la laissant partir, elles risquaient d’y perdre leur identité même, car leur souffrance a fini par les définir. Il est plus simple de rester dans un mode de fonctionnement connu: oui, ça me fait souffrir, mais au moins, ça, je sais gérer, je sais « comment ça marche », c’est du connu… Par contre, si je dois faire face à un avenir où tout à coup, j’ai un job intéressant, une relation de couple épanouissante et que mes douleurs se sont évanouies comme par magie, comment je vais pouvoir gérer ça ? Que sera ma vie ? Et si… et si… et si… ?… jusqu’au jour où la difficulté devient tellement intenable que nous « basculons » vers un changement, ou qu’il vient de l’extérieur (dans le cas de couple, par exemple, l’autre nous quitte), ou que, et c’est la situation la plus saine, et souvent la plus difficile, nous prenons la décision du changement, seul ou en nous faisant aider.

Peur de briller

Notre éducation est souvent paradoxale: nos parents, la société, nos professeurs nous poussent à réussir, aussi brillamment que possible… en même temps que « la bonne morale » nous édicte d’être généreux envers les plus faibles, de ne pas « se faire un gros cou », de ne pas se montrer « égoïste ». Bref, il faut « sortir du lot » et « rester dans le troupeau ». Or, s’épanouir, bien faire ce que l’on fait bien – qu’il s’agisse de cuisiner, s’occuper des enfants, être un as de la finance, une vedette de la chanson, ou un jardinier talentueux – c’est rendre service au monde. Le paradoxe nait de la confusion entre « réussir » et « écraser les autres » ou « jouer des coudes » pour y parvenir. L’épanouissement personnel, la réussite (professionnelle, affective, financière) ne se font aux dépens des autres que si nous le tolérons.  Nous croyons que si nous prenons « notre part de gâteau », nous en privons quelqu’un d’autre.  En quelque sorte, nous entretenons la fausse croyance « si je réussis, je fais échouer les autres ».  Comme dans une compétition, il y a un seul gagnant et un ou plusieurs perdants. Une situation où tout le monde gagne nous parait inconcevable. C’est bien ce qu’on nous a toujours appris depuis toujours, non ? La comparaison, la compétition, le classement, l’étiquetage.  A l’école déjà, il y a le « chambardeur » qui vocifère pendant la leçon, le » glandeur » qui s’endort près du radiateur, « l’intellectuel à lunettes » du premier rang, le « moflé » de service qui crayonne des dessins sur son cahier au lieu de faire les exercices, la « tête de classe »… Ceux qui vont « réussir », suivant la norme sociale bien établie, et ceux qui vont « rater » (suivant cette même norme). Il suffirait pourtant de changer la norme, les critères pour que soudain, le mot « réussir » change de sens. Et si le chambardeur devenait un éveilleur de conscience qui fera changer le monde ? Et le moflé un artiste qui rendra le monde plus beau ? Et le glandeur un maître zen qui nous invite à ralentir pendant que tous les autres font un burn-out ?  « Tout le monde est un génie. Mais si on juge un poisson sur sa capacité à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide. » disait Albert Einstein. Pour voir le génie en chacun, il suffit de changer de système de référence. Si nous pouvons croire que chacun dans ce monde a sa place, son rôle à jouer sur la grande scène de la vie, et que chacun doit exprimer son personnage afin que la pièce puisse avoir lieu et prendre toute son ampleur et sa puissance, alors, la réussite de chacun est non seulement possible, mais elle contribue à la réussite des autres. Il n’y a pas de petit rôle, de rôle principal, de second rôle.  Les uns n’existent pas sans les autres. Ainsi, nous ne voudrions plus réussir « contre » les autres, mais bien « avec » eux. Notre propre réussite, notre épanouissement personnel n’est pas juste une quête égotique, il ne s’agit nullement de « se regarder le nombril », c’est au contraire un acte courageux qui consiste à « devenir quelqu’un » pour que chacun puisse à son tour « devenir quelqu’un ». C’est souhaiter « être pleinement qui je suis et le montrer au monde » afin de permettre à tout un chacun d’en faire de même. Selon ma norme à moi – et je suis bien entendu loin d’être la seule à penser ainsi – c’est cela, réussir.

Assumez qui vous êtes et osez l’exprimer pleinement

Si vous êtes dans cette quête de laisser briller votre lumière, il s’agit tout d’abord de découvrir qui vous êtes réellement, de plonger au coeur de vous-même, de vous délier de votre éducation, de vos croyances sur qui vous êtes, qui vous paraissez être, qui vous pensez que vous devriez être, bref, vous révéler à vous-même dans toute votre authenticité, avec vos ombres et vos lumières. Notre mental peut facilement nous induire en erreur, créer l’illusion, nous embobiner dans ses réflexions, nous noyer dans son propre système.  Le corps, lui, ne ment pas, il a son intelligence propre, il « sait » déjà. Toute approche corporelle – thérapie psycho-corporelle, massage, mais aussi Qi Gong, méditation, yoga, danse libre ou d’enracinement, art martial, et bien d’autres – toute approche, donc, qui va remettre de la conscience dans le corps, qui va nous permettre de l’habiter plus complètement, de ressentir, d’être à l’écoute, va nous mettre en contact avec sa sagesse.  Ce qui nous relie à notre corps nous relie à nous et à qui nous sommes vraiment. Il s’agit de faire alliance avec notre corps, en faire notre allié. Ensuite, nous pourrons nous relier aux autres dans toute notre authenticité et notre puissance afin de les exprimer et prendre notre place.  C’est là tout le sens de la démarche que je vous propose par le biais de la pratique corporelle, des massages, de l’accompagnement et de l’expression artistique.  C’est aussi l’invitation, le réveil de conscience que Marianne Williamson exprime dans ce merveilleux texte que j’ai librement traduit ci-dessous.  Texte souvent attribué à Nelson Mandela car il l’a utilisé (et lui a rendu une célébrité qu’il méritait) lors de son discours d’investiture à la présidence de l’Afrique du Sud. Pour ceux qui, comme moi, préfèrent le savourer en anglais, vous le trouverez également sur ce blog en version originale.

 

Je vous souhaite d’être qui vous êtes et de laisser briller toute votre lumière pour vous éclairer vous-même et éclairer le monde.

 

 

Le texte de Marianne Williamson: Notre peur la plus profonde

 

Notre peur la plus profonde n’est pas que nous ne soyons pas à la hauteur (que nous soyons insuffisants).

 

Notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au-delà de toute mesure.

 

C’est notre lumière, pas notre obscurité qui nous effraie le plus.

 

Nous nous demandons « qui suis-je pour être brillant, superbe, talentueux, merveilleux ? »

 

En réalité, qui êtes-vous pour ne pas l’être ?

 

Vous êtes un enfant de Dieu.

 

Vivre petit, vous restreindre ne rend pas service au monde.

 

Il n’y a rien d’éclairé dans le fait de vous rétrécir pour ne pas insécuriser les autres.

 

C’est notre destin de briller, comme le font les enfants.

 

Nous sommes nés pour rendre manifeste la gloire de Dieu qui est en nous.

 

Ca n’est pas juste chez quelques élus, c’est en chacun de nous.

 

Et à mesure que nous laissons notre propre lumière briller, nous donnons inconsciemment la permission aux autres de faire de même.

 

Lorsque nous sommes libérés de notre propre peur, notre présence libère automatiquement les autres.

 

 

Traduction libre du texte « our deepest fear » de Marianne Williamson. Souvent attribué à Nelson Mandela qui y a fait référence dans son discours d’investiture à la présidence de l’Afrique du Sud.

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